La médiation offre un espace et un temps privilégiés pour qu’il y ait passage d’une forme de "chaos" à une forme de nouvel "ordonnancement", pour permettre de sortir du passé pour retrouver le présent, de lâcher les constructions que nous nous sommes faites sur l’autre et tenter de rencontrer Sa réalité. Alors seulement nous pourrons retrouver le lien perdu avec autrui mais aussi avec nous-mêmes.
Vivant une situation conflictuelle
S’il est souvent assimilé à l’impasse, l’obscurité, à l’angoisse, le conflit peut être "un appel à l’établissement d’un nouvel équilibre". C’est notre manière de l’envisager qui le rend "source de blocage" ou "source d’évolution". Les relations entre les personnes ne sont pas statiques mais évoluent en permanence nécessitant l’établissement de nouvelles règles, de nouveaux repères. L’enjeu est donc de parvenir à transformer une situation bloquée.
Le conflit résulte souvent de rapports de force, mais est également lié à l’insatisfaction, à la frustration, à la dévalorisation, à la non reconnaissance … Il peut naître lorsque le désir de l’un est entravé par le désir de l’autre. Chacun adopte alors une position rigide, une interprétation de son vécu et tente de changer le point de vue de l’autre ou changer l’autre puisque ce serait de lui que viendrait le problème.
Le conflit est entretenu par des positions rigides qui enferment dans des cercles vicieux. Dès l’instant où elles sont engluées dans un conflit, les personnes ont tendance à rentrer dans une forme d’escalade et restreindre leurs possibilités de réponse : attaquer ou se défendre. L’accumulation de rapport de force entraîne indéniablement la dégradation de la relation.
Les personnes ont tendance à n’envisager que la seule voie contentieuse. Or, à l’issue d’une procédure judiciaire, il y aura inéluctablement un "gagnant" et un "perdant".
Dans cette logique, c’est la position "du plus fort" qui va permettre au désir ou au besoin de l’un de l’emporter sur le désir ou le besoin de l’autre. Chacun doit donc se demander s’il souhaite continuer le "bras de fer" en tentant de "punir l’autre", en le faisant perdre, dans le cadre d’une "escalade du conflit" ou s’il souhaite changer la situation, la voir évoluer en tentant d’arriver à une situation de "gagnant - gagnant" ou les besoins de chacun sont envisagés et respectés.
Le justiciable doit avoir l’opportunité de choisir, en pleine connaissance de cause entre "transformer son conflit en litige" en le menant au procès ou recourir à la Médiation.
Le justiciable dispose d’un éventail de possibilités lui permettant de reconnaître son droit ou de trouver les bases d’une entente pour mettre un terme à sa situation conflictuelle. Il peut décider de recourir au juge par la voie contentieuse, lequel tranchera, au regard du droit ou recourir aux modes alternatifs de règlement de conflits dont la Médiation. Le choix du recours à la médiation est une "attitude culturelle" qui doit être intégrée par chacun de nous comme alternative au traitement habituel du conflit.
Vivant une situation de rupture, de séparation, …
Créer une coparentalité pacifiée, continuer à être une équipe parentale après rupture est compliqué lorsque subsistent des différents conjugaux.
Trop banalisée de nos jours, la séparation constitue un passage de vie souvent difficile à traverser pour ceux qui la subissent. Cette difficulté est d’autant plus grande lorsque le couple qui se sépare a des enfants. Compte tenu de l’évolution de la société, du couple, du nombre toujours croissant de séparations et de divorces, le législateur a été attentif à offrir un cadre dans lequel il est possible de divorcer de façon plus pacifique, en excluant notamment la faute du débat.
Lorsque les parties se retrouvent devant le Tribunal, cela fait parfois des mois, des années qu’elles ne communiquent plus ; elles ne sont parfois pas capables de renouer ce dialogue ou ne le veulent pas.
Or, l’idée dominante à l’heure actuelle est celle "de l’équipe parental devant survivre au couple conjugal". Créer une coparentalité pacifiée est compliqué lorsque subsistent des différents conjugaux ou lorsqu’il y a rupture de communication. L’exercice de la coparentalité implique la collaboration. Comment aider ces personnes vivant une séparation mais devant néanmoins rester des parents ensemble ?
La Médiation permet cet éventuel travail de deuil, de "désimbrication", d’apprentissage d’une autre forme de communication ou d’une reprise de confiance dans l’autre. Elle permet aux personnes d’organiser les modalités de la séparation en gardant la maîtrise de leur existence. Cette démarche est centrale dans les matières familiales où la communication devra perdurer dans l’intérêt et pour l’épanouissement de l’enfant commun.
"Parenthèse Médiation" parce que...
L’espace de Médiation n’est ni le lieu de l’un ni le lieu de l’autre. Il n’est ni la scène judiciaire, ni le cabinet de l’avocat ni celui du thérapeute. L’espace de Médiation est un espace à part, une bulle, une parenthèse où les personnes peuvent, devant un tiers neutre, indépendant, dans un cadre sécurisant et confidentiel, exprimer leurs émotions, l’inexprimable, ce que l’on a pas pu se dire, ce que l’on aurait souhaité comprendre. Une fenêtre s’ouvre pour pouvoir répondre aux interrogations qui persistent, se libérer de ce qui hante, ce qui ronge, exprimer ce qui cause une douleur encore vive malgré le temps qui passe et ne permet pas de vivre libre.
Le "temps médiation" offre cette opportunité d’ouvrir une parenthèse, de cheminer puis de la refermer lorsque l’on est prêt. La médiation offre ce temps nécessaire pour effectuer ce passage.
Cette "Parenthèse" permet de souffler, s’arrêter, regarder en arrière, se projeter en avant, en pariant sur l’avenir. Reprenant confiance dans les capacités de l’autre, créer avec lui de nouveaux repères, de nouvelles distances, de nouveaux rôles, …. une nouvelle forme de communication, une nouvelle coparentalité.
L’objectif immédiat de la Médiation est d’aider les personnes en conflit à trouver par elles-mêmes, un apaisement, voire une solution à leur problème. Ce processus permet véritablement de rendre de l’autonomie aux parties et de garder la maîtrise de leur existence.